mardi 22 décembre 2009

La vérité, en portrait, ovale bien sûr...

lundi 14 décembre 2009

"The questionnable gift of knowing we're going to die..." Je suis mort le...ça devait être un jour de mai il me semble ou avril, je ne sais plus quelle année -- jamais été bon avec compter les années -- c'était en 1994 comme on dit. Ça semble correct, moi qui me plains toujours quand ça n'est pas l'hiver, d'être mort au printemps. Je suis mort ce jour-là en embrassant quelqu'un qui ne m'aimait plus dans une taverne à midi entre deux cours au CEGEP. Et je suis mort tellement de fois depuis qu'aujourd'hui, sur le point de ne plus avoir l'âge du Christ, j'en suis venu à n'être presque plus capable de supporter de mourir.

jeudi 3 décembre 2009

Yes we could.

mercredi 25 novembre 2009

S'il y en a un autre ostie qui dit "poser la question c'est y répondre" je le tue ou me suicide, ou mieux, produit dans un éclat explosif et parfait un heureux mélange des deux. Poser la question, n'en déplaise aux illettrés, ce ne sera jamais y répondre. Répondre à la question c'est y répondre. La poser, ou du moins en poser une intéressante, c'est déjà pas mal, mais ce n'est toujours que la poser.

dimanche 22 novembre 2009

WHEN IT'S COLS I'D LIKE TO DIE

Je ne sais ce qu'est le froid. Le froid fait peur à tout le monde. Tout est froid. Je m'en fout. C'est quand il fait froid que le coeur pompe et bat et qu'on s'excite et que les baisers sont chauds, mais pas de cette chaleur morte et affadie des mauvaises plages, de la chaleur aiguisée qui brûle. Le soleil et la glace sont des partenaires parfaits.

samedi 21 novembre 2009

J'ai vérifié, honte à moi! Ils appellent ça le TAS. Ils ont un acronyme! J'appelle à l'aide, au secours, décidément j'en ai trop enduré. Je vais me faire une soupe alpha bits pleine d'acronymes remplis de ciguë ou d'arsenic ou de curare et vais enfin en finir avec toutes ces insupportables diminutions.
Une psychologue à la radio parlait l'autre jour -- excusez-moi si je me trompe, j'en ai le cerveau tout estourbi -- de trouble affectif saisonnier. Il semblerait que des gens seraient, à l'approche de l'hiver, soudain pris d'un syndrôme objectif, incontrôlable, maladif, malheureux, écrasant que l'on nomme dépression, mais que cette dépression serait levée aussitôt les premières lueurs du printemps. S'attelant hardiment à la tâche de démêler tous les noeuds de ce mystère insondable, les psychologues ont pointé du doigt l'absence de lumière l'hiver qui pourrait avoir sur l'organisme humain des conséquences dépressives, mais leurs recherches à cet égard ne donnant que peu de résultats probants, en sont venus à la conclusion qu'il faudrait sans doute accuser une combinaison de facteurs.

S'il vous plaît sauvez-moi de cet univers impossible qui veut faire mourir les accents circonflexes sur les i et tout ce qu'il reste de lumière avec. Je savais bien qu'en tuant les cîmes on trouverait le moyen de tomber plus bas que le fond du baril!

C'est l'hiver criss, et l'hiver il fait froid et noir et les paresseux et les couards sont malheureux de ne pas être des carpes qui reposent dans l'eau et au soleil. Voilà tout. Tant pis pour eux. Ils ne savent pas ce qu'ils manquent les joues coupées par le froid, avec des épaisseurs de pluie du ciel crystalisée en mottons denses partout sur la rue qui ensevelissent les voitures et les passants endormis, et des glaces qui craquent et chantent quand on marche dessus et la bouche qui fume comme un dragon sans cigarette. Dieu que j'ai hâte!

mardi 17 novembre 2009

Tiens j'en ai assez de gribouiller des niaiseries, vais me remettre à chanter et jouer de la guetar, au moins, même tout seul, je vais avoir un peu de plaisir.

lundi 16 novembre 2009

I'm not a husband to my wife
I'm not a father to my children
I'm not a friend to my friends

I'm nothing


Tony Soprano, The Sopranos, episode 12 (Isabella), saison 1.


Comme c'est étrange, Tony a lu Levinas... et l'a compris comme s'il avait aussi réfléchi après l'avoir lu.

dimanche 15 novembre 2009

Ragouch focuses on the good times, Meadow can't park the car.


It's all a big nothing.
And then not.

Alles ist weniger als es ist
Alles ist mehr.


I've got this yearning burning feeling inside me
Deep inside me
And it hurts so bad


samedi 14 novembre 2009

Notes de lecture

"Non je ne sais pas s'il est possible de regarder un incendie sans un certain plaisir." Voilà, mot pour mot, ce que me dit Stépane Trofimovitch, de retour chez lui après un incendie nocturne dont il avait fortuitement été témoin, et encore sous la première impression du spectacle. Il va de soi que le même amateur du feu nocturne se jettera lui-même dans le feu pour sauver un enfant ou une vieille femme pris dans les flammes; mais cela, n'est-ce pas, c'est tout à fait autre chose."

Dostoïevsky, Les démons



Mais est-ce vraiment tout à fait autre chose? Ou n'y a-t-il pas un lien important entre cette ivresse devant le feu et la générosité et la force de ceux qui savent se sacrifier?

jeudi 12 novembre 2009

Il y a quelques jours, un article d'André Habib a été commenté par un journaliste en des termes qui m'ont semblé étranges. Ce n'est pas la première fois que je rencontre ce type d'étrangeté ou pour le dire plus crûment, cette suffisance professionnelle de ceux qui savent faire court et tourné selon le goût du jour pour la seule raison qu'ils n'ont rien d'intéressant ni de difficile à dire, qui me semble assez bien décrite ici par Platon en terme de servilité:

Ainsi se comportent l'un et l'autre, théodore. L'un, qu'une réelle liberté, un réel loisir ont formé, celui précisément que tu nommes philosophe, peut, sans qu'on s'en indigne, faire figure de simple et de bon à rien quand il choit en des offices serviles, et ne point savoir, par exemple, comment s'installe une couverture de voyage, comment se relève un mets ou s'assaisonnent en flatteries les discours. L'autre peut, de tout cela, faire sagace et prompt service. Mais il ne saurait relever son manteau sur l'épaule droite à la façon d'un homme libre ni s'adapter à l'harmonie des discours pour dignement chanter la réalité de vie que vivent et les dieux et les mortels bienheureux.

mardi 10 novembre 2009

WIKIPEDIA

Je suis un peu désespéré et ne sais que faire ni que dire. J'ai eu beaucoup de plaisir à apprendre ou penser apprendre ces dernières années en lisant des articles à propos de sujets qui m'intéressaient sur Wikipedia. Aujourd'hui, ce que je fais rarement, je cherchai à propos d'un sujet que je connais un peu, sur la querelle des universaux au Moyen-Âge où l'on parlait bien sûr aussi d'Aristote et de Platon, sources essentielles pour les penseurs moyenâgeux. Quelle surprise et désespoir me pétrifièrent lorsque je découvris non seulement en français (qui souvent sur Wikipedia a malheureusement beaucoup à envier à l'anglais), mais en anglais aussi, quantité d'erreurs, de falsifications et de torsions maladroites (et je ne parle pas ici de simplifications pouvant être justifiées par un souci pédagogique ou par un effort de vulgarisation). Enfin, peut-être le caractère pointu du sujet est-il en cause, mais cette expérience me remplit de doute sur ce qui m'enthousiasmait au départ, sur cette formule, et sur la véracité et la solidité des articles dont je peux moins facilement juger de la valeur.

mercredi 4 novembre 2009



Et encore, pour rire... Toujours Les démons.

Certes, on y parlait beaucoup d'amour, de l'amour qu'éprouvait un génie pour une certaine dame, mais, je l'avoue, cela laissa une impression de malaise. La petite silhouette bedonnante de l'écrivain génial aurait dû, je ne sais pas, lui interdire, à mon avis, de parler de son premier baiser... Mais -- et là encore, c'est assez vexant -- ces baisers, ils ne se faisaient pas trop comme chez le reste de l'humanité. Pour le génie, il faut absolument que du cytise pousse tout autour (du cytise, absolument, ou bien ce genre de végétal qu'il faudra que vous cherchiez dans la Botanique). En plus de ça, le ciel doit absolument avoir une sorte de teinte violette, laquelle teinte, bien sûr, n'a jamais été remarquée par aucun mortel, c'est-à-dire que, si, tout le monde l'a vue mais personne n'a su le remarquer, et "moi, vlan, je l'ai vu et je le décris, espèces d'imbéciles, comme la chose la plus banale qui soit". L'arbre sous lequel s'assied ce couple intéressant doit absolument avoir une sorte de couleur orange. Et ce couple-là, il est, je ne sais où, en Allemagne. Soudain, [...] le frisson d'exaltation parcourt le dos de Monsieur et de Madame. Après, il y a une espèce de sirène qui couine dans les buissons, Gluck se met à jouer du violon dans les ajoncs. La pièce qu'il interprète est nommée en toutes lettres, mais personne ne la connaît, de telle sorte qu'elle aussi, il faudra la chercher dans un dictionnaire de musique. Sur ces entrefaites, un brouillard blanc se met à tournoyer, il tournoie, il tournoie tellement qu'il ressemble plus à un million de coussins qu'à du brouillard. Puis, d'un seul coup, tout disparaît, et le grand génie traverse la Volga, en hiver, par un temps de redoux. Deux pages et demie sur cette traversée, mais, tout de même, il tombe dans un trou d'eau. Le génie est en train de se noyer -- vous pensez qu'il se noie? Jamais de la vie; tout ça, c'est pour dire qu'au moment où, ça y est, il se noie complètement, il avale de l'eau, il voit luire devant lui un petit glaçon, un minuscule petit glaçon gros comme un petit pois, mais pur et transparent, "telle une larme gelée", et dans cette larme-là se reflète toute l'Allemagne, ou pour mieux dire, le ciel de l'Allemagne, et que la lumière en arc-en-ciel de ce reflet lui rappelle cette fameuse larme qui, "t'en souviens-tu, se forma dans tes yeux quand nous partagions l'ombrage de l'arbre d'émeraude et que tu t'exclamas joyeusement: "le crime n'existe pas!" "Non, répondis-je, au bord des larmes, mais s'il en est ainsi, alors, les justes n'existent pas non plus." Et nous fondîmes en sanglots et nous nous séparâmes à jamais."
Racolage

... des poètes qui, à défaut de thèse et de talent, se promenaient en bottes et blouses paysannes...

Dostoïevsky, Les démons

mardi 6 octobre 2009



Meurs donc à ton tour, ami. À quoi bon ces cris?
Patrocle est mort aussi, qui valait mieux que toi.
Ne vois-tu pas quel homme je suis, grand et splendide
et né d'un père illustre et d'une mère immortelle?
Et pourtant, même moi, la mort et l'impérieux destin sont sur ma tête .
Un matin viendra, un soir, un midi, où quelqu'un
dans la bataille m'arrachera la vie
en me touchant de sa pique ou d'un trait de son arc.
Il dit, et l'autre sent ses genoux et son coeur faiblir,
lâche sa lance, recule et s'assied, les bras tendus;
mais Achille avait tiré son épée déjà
et il frappe entre le cou et l'épaule,
et la lame à double tranchant pénètre tout entière.
Lycaon tombe, le front sur le sol gisant de tout son long
et le sang noir coule et trempe la terre.

Ἰλιάδος, chant XXI

mercredi 30 septembre 2009



"Toute la terrifiante beauté de la tempête prit, dès lors, à ses yeux une nouvelle splendeur. Il avait dit ce que son âme aspirait à entendre, bien que sa raison s'en effrayât". De quelle manière simple et même désuète Tolstoï divise l'esprit humain en âme et raison! Flaubert n'eût pas écrit cette phrase; mais c'est le raffinement de son art qui en fait la limite.

George Steiner

samedi 19 septembre 2009



Qu'est-ce qu'on fait avec une grande quantité de cellules mortes?
Qu'est-ce qu'on fait?
Et bien si faire il y a c'est que mort n'est pas partout, alors allons, allons de divisions en éclats en déchirures toniques si mort il y a les cellules l'ignorent
Allons têtes fendues contre les herbes y voir
Bien sûr on ne sait pas ce que l'on dit
Il y a quelqu'un de couché sur la rue qui a raison
Oui oui et l'on se demande de quelle couleur est la porte
Et si je suis en retard
Misère misère et l'on est tout surpris
que le soleil encore avec le jour comme on dit
Nous impose sans nous voir
Ses explosions ordinaires

dimanche 13 septembre 2009


As-tu vu?
Oui je sais.
Quoi?
Que j'ai mangé ta face.
Quoi?
Oui, je sais tu ne vois rien, c'est parce que j'ai mangé ta face.

dimanche 6 septembre 2009

George Steiner, Tolstoï ou dostoïevsky



Il existe plus de "cent grand livres". plus de mille. Mais leur nombre n'est pas infini. À la différence du chroniqueur et de l'historien de la littérature, c'est des chefs-d'oeuvre que devrait s'occuper le critique. Sa fonction essentielle est de distinguer non pas entre le bon et le mauvais, mais entre le bon et le meilleur.
Là encore, l'opinion moderne tend à une vue tout autre. Une fois les joints du vieil ordre culturel et politique relâchés, elle a perdu cette assurance sereine qui permettait à Matthew Arnold de parler dans ses conférences sur l'art de traduire Homère, des "cinq ou six poètes suprêmes" du monde. Nous ne nous exprimerions plus ainsi. Nous sommes devenus des relativistes.
Mais n'abdiquons pas trop. Dans l'excès du relativisme se trouvent les germes de l'anarchie. La critique devrait nous rappeler le souvenir de notre haut lignage, l'incomparable tradition de l'épopée telle qu'elle se déroule d'Homère à Milton.
Comment, demandent-ils, ranger sous un même vocable l'Iliade et le Paradis perdu, que séparent des millénaires de faits historiques?
Nous leur répondrons que les antiques modes de définition et de compréhension ont plus de profondeur que les vicissitudes du temps.
Ce sont là quelques-unes des valeurs que j'évoquerai pour appuyer cette étude sur Tolstoï et Dostoïevsky. Ils sont les deux plus grands romanciers (toute critique, dans ses moments de vérité, est dogmatique [parce que la critique littéraire, faite comme il se doit, nait d'une dette d'amour]).

mardi 4 août 2009



Lorsque les Grecs réfléchiront eux-mêmes sur la guerre de Troie, ils diront parfois que la vraie raison de cette guerre, c'est que, les hommes s'étant multipliés en masse, les dieux s'irritaient de cette foule bruyante et voulaient en purger la surface de la terre. Les hommes font un trop grand vacarme. Il y a la zone éthérée, silencieuse, où les dieux se recueillent et se regardent les uns les autres, et puis il y a ces humains qui s'agitent, qui vibrionnent, qui s'époumonent en cris et en disputes, alors de temps en temps, une bonne guerre, aux yeux des dieux, cela règle le problème: retour au calme.

Jean-Pierre Vernant

samedi 25 juillet 2009

jeudi 16 juillet 2009


Il faut trouver le Cyclope.

vendredi 3 juillet 2009

L'homme enterré dans la pampa (Pablo Neruda, Chant général)

De tango en tango, si j'arrivais
jusqu'au domaine, jusqu'aux prairies,
si, déjà endormi,
un blé sauvage sortait de ma bouche,
si j'écoutais dans les pampas
un tonnerre de chevaux, une furieuse tempête de pattes
passant sur mes doigts enterrés,
je baiserais sans lèvres la semences,
j'arrimerais à la semence les vestiges
de mes yeux
pour voir le galop qui aima ma turbulence:
tue-moi, vidalita,
tue-moi, que se disperse ma substance
comme le métal rauque des guitares.



À ceux qui savent lire.

mercredi 1 juillet 2009



Moi j'aime bien ces choses en métal qui se transforment en d'autres choses en métal et qui soufflent de l'air froid par leur souple bouche de métal. Et dieu que je suis las de ces critiques de cinéma qui sont assez vulgaires pour se croire intéressants lorsqu'ils se moquent des films pleins de péripéties trop rapides et métalliques et de seins en camisoles superflues.

jeudi 25 juin 2009



Je viens de découvrir, honte à moi, la Conspiration dépressionniste, mais j'ai l'habitude de ces retards inexcusables. Cette phrase seule, du numéro 9, montre toute la finesse et l'intelligence de ses auteurs: une voix discordante dans ce concert d'idioties est une nécessité objective. L'intelligence est rare, rare aussi ceux qui sont capables d'en faire preuve discrètement, sans avoir la grossièreté de la souligner à tout propos. Ces gens sont merveilleux de subtilités et d'élégances qu'on ne remarque pas.

samedi 23 mai 2009

On a souvent tendance à s’imaginer que ce qui est général, qu’une question qui vise l’essence ou l’être de quelque chose vise nécessairement une abstraction qui vide la chose visée de tout son contenu. Par exemple, si l’on demande quelle est l’essence de la peinture, ne doit-on pas faire abstraction de toutes les peintures particulières qui sont dans leur spécificité si magnifiques et les réduire à ce qu’elles ont en commun, à savoir une toile, des couleurs et un cadre, à la limite une corde pour les accrocher au mur, et leur arracher de la sorte tout ce qui faisait leur intérêt? Mais ce qu’il faut se demander, c’est si c’est là la manière convenable d’interroger l’essence avant de rejeter avec dédain tout type d’interrogation semblable. Il faut se demander si en interrogeant l’essence de la peinture, ce n’est pas plutôt cette aptitude à être remarquable que l’on interroge, si ce n’est pas le rapport à l’homme qui la regarde et si l’on ne touche pas par là ce qui est au cœur de la particularité de chaque peinture et ce qui rend tout simplement possible qu’elle soit ce qu’elle est. Prenons par exemple un chien. On pourrait dire qu’en interrogeant l’essence ou l’être du chien, on tombe dans une interrogation vide qui nous éloigne de tout chien particulier. Mais examinons la chose de plus près et tentons de saisir la particularité du chien. Nous l’identifions d’abord comme un chien, mais cela, c’est très général. Précisons. Cette chose-ci a quatre pattes. Ceci est encore plus général. Elle a du poil; mais ça aussi c’est assez général : il y a beaucoup de choses avec du poil. Elle est de couleur noire. Encore une fois, nous tombons dans du plus général encore. Il y a une quantité innombrable de choses noires. Comment trouver le caractère qui décrira ce chien comme cette chose incomparablement particulière qu’il est? Mais précisément ceci, que c’est cette chose ci, unique rassemblement de toutes les qualités qu’on lui trouve. Cependant, le fait est que tout ce qui est est un ceci, une chose identifiable qui consiste dans le rassemblement de toutes les qualités qu’on lui trouve. En délimitant ce qui est le plus particulier, on trouve en fait le plus général, et c’est seulement en interrogeant ce plus général, ce fait de se rassembler en une particularité commun à toute chose, en interrogeant l’être de toute chose que l’on peut espérer parvenir à percer le mystère de ce chien.

dimanche 17 mai 2009

Comme c'est curieux, il y a une mauvaise odeur dans l'air, l'odeur de gens qui voudraient se faire flatter. Elle est partout et se répand comme un mauvais feu. Moi, je voudrais bien qu'on me dise plein de choses gentilles, qu'on fasse semblant d'être mon ami, qu'on me parle dans un langage qui me permet d'être à l'aise, qu'on me félicite à tout bout de champ pour rien et je serai alors, je vous le promets, prêt à féliciter à tout bout de champ tout le monde en retour. Oui, oui, s'il vous plaît, laissez-moi devenir une bouillie, et alors je disparaîtrai sans m'en rendre compte.

dimanche 3 mai 2009



Réunion de forces, activité et ferme résolution de mourir avec gloire. Ce sont ces trois grands principes de l'art militaire qui m'ont toujours rendu la fortune favorable dans toutes mes opérations. La mort n'est rien: mais vivre vaincu et sans gloire, c'est mourir tous les jours.

Napoléon Bonaparte

samedi 11 avril 2009

Il faut mourir parfois quand on voit des choses impossibles.

Nommer, c'est appeler au secours, oui, mais quoi ou qui exactement?

jeudi 9 avril 2009

Le 11 février 1839, Lord Durham dépose un rapport recommandant, entre autre, l’assimilation des Canadiens français. Il constate que la lutte entre le Haut et la Bas-Canada en est une de race, deux nations se faisant la guerre au sein d’un même État. Il propose l’assimilation de ce « peuple sans histoire et sans littérature » par le biais de l’union du Haut et du Bas-Canada – dans cette union, les Canadiens français seraient alors clairement minoritaires, ce qui assurerait aux anglophones la majorité des deux chambres unifiées.


C'est un beau poème quand même. Je l'avais oublié. Quelle farce suis-je, moi qui colle des promesses de souvenir sur mon cul.

samedi 21 mars 2009




-- Quel est le moment le plus triste de ta vie?

-- La fois où Christine quitte Antoine Doinel, la fois où elle lui dit sous l'arche qui mène à la porte cochère du bâtiment où ils habitaient: "je t'aime encore Antoine, mais je préfère ne pas te rencontrer", puis après, près de la voiture, lui demande s'il ne veut pas qu'elle reste avec lui, qu'ils aillent au cinéma et qu'il lui répond: "non, je préfère rester seul, marcher un petit peu".

dimanche 8 mars 2009

En parlant d'abdigradationnistes:

Fior amore

Pascal, criss, veux-tu bien sortir de ta cuisine
Cet antre captieux aux contours glissants et froids
La saucisse est triste on a besoin d’un roi
Et la chambre du four est comme mélusine

On y entre l’hiver pour trouver la chaleur
On y demeure captif jusqu’aux petites heures
Comme des yeux amoureux et un sourire charmeur
Se transforment en serpent et nous collent au malheur

On a le regard glauque et la cervelle vide
Tous nos éclats sont morts trop d’amis nous ont fuis
Emmène-nous dehors oublie ce lieu sordide

Fais-nous rire encore en dansant sur les toits
Que ta tête bourrue comme une fée de la nuit
Soit notre noirceur vraie d’où la lumière croît

mercredi 25 février 2009

Et puis merde, aussi bien en revenir aux bases.

Alors, pour Vareuse http://vareuse.blogspot.com/ qui fait des titres abdigradationnistes.



Larmes

Je n’ai pas vu le temps j’ai mangé la salade
Tu croquais à belles dents mes vieux membres malades
Te souviens-tu des lents coups de mer en saccade
Des humeurs dans le vent de la première noyade

Les autres en rang nous regardaient pâlir
Nous avons vu leurs yeux, leurs têtes, leur mains pourrir
Dans l’eau pour chacun d’eux pendait une lyre
Un instrument qu’on noue autour des cous pour rire

Je sais qu’on ne mange plus quand on aime assez fort
Tous les bruits sont sans nom tous ceux qui meurent ont tort
Ils nous ont vus noyés dans la mer sur le sable

Nous savions bien qu’ensemble on doit ouvrir la bouche
Tu leur a tous montré qu’ils n’étaient que des mouches
Qu’à présent nos chants muets et mouillés les accablent

dimanche 22 février 2009

C'est amusant parce qu'Achille , c'est celui qui se fâche, qui abandonne les Grecs, qui boude parce qu'on a été injuste envers lui et qui ne revient charcuter un troyen que parce que son ami est mort. Pourtant il n'y a rien d'égoïste dans la colère d'Achille et son Ubris est assez juste pour définir la mémoire d'un peuple.
C'est amusant, dis-je, parce que la vie n'est pas un mauvais film.
Bon, alors je vais essayer de dire des choses sans me tromper. J'aimerais parler du grand film que sont les Sopranos et de la thèse sur la Bullshit et la manipulation qui est présentée là. J'aimerais parler de l'école. J'aimerais parler du mensonge quotidien que nous sommes tous quand nous n'essayons pas d'être assez grands, mais voilà que je redeviens stupide, sentencieux et mauvais.
Mais à chaque fois les mots justes me semblent les plus mauvais et les maladresses assez justes.
Il faudra que je me corrige de cela.
Bien sûr vous vous en foutez et vous avez raison.

J'aimerais dire des choses à propos de Kovalev et de Montréal et parler d'Achille et parler de cette histoire que l'on raconte sur ce blond lourd et élégant qui marcha un soir seul entre son arène et sa maison dans la tempête de neige et le vent du nord qui est le nôtre. Mais je suis tellement imbécile que je me limite encore à des allusions vagues.
Je suis un imbécile. Tout le monde le sait. Je parle dans des mots qui sont si banals et généraux qu'ils ne veulent plus rien dire, en fait qui sont bien plus maladroits encore que ce qui ne veut rien dire. Parfois je m'excite et fait des phrases, et alors on a raison de rire. Je suis désolé. Je vais essayer d'être meilleur.

jeudi 19 février 2009

"Varvara petrovna, offensée, voulut se jeter à corps perdu dans les "idées nouvelles" et inaugura chez elle des soirées. Elle invita des hommes de lettres et on lui en amena tout de suite une grande quantité. Après, ils vinrent d'eux-mêmes, sans invitation; le premier amenait le suivant. Jamais encore elle n'avait vu hommes de lettres pareils. Ils étaient vaniteux jusqu'à l'invraisemblable, mais ne s'en cachaient pas le moins du monde, comme s'ils voyaient là un devoir. Certains (quoique pas tous, loin de là) se présentaient déjà pris de boisson, mais comme s'ils y trouvaient une beauté particulière qu'ils auraient juste découverte depuis la veille. Tous, jusqu'à l'étrange, ils s'enorgueillissaient d'on ne savait quoi. On lisait sur tous les visages qu'ils venaient juste de découvrir une espèce de secret d'une importance toute particulière. Ils se querellaient et se faisaient un honneur de ces querelles. Il était difficile de savoir ce qu'ils avaient écrit précisément; mais il y avait là des critiques, des romanciers, des dramaturges, des satiristes, des accusateurs."

Dostoievsky, Les démons