samedi 23 mai 2009

On a souvent tendance à s’imaginer que ce qui est général, qu’une question qui vise l’essence ou l’être de quelque chose vise nécessairement une abstraction qui vide la chose visée de tout son contenu. Par exemple, si l’on demande quelle est l’essence de la peinture, ne doit-on pas faire abstraction de toutes les peintures particulières qui sont dans leur spécificité si magnifiques et les réduire à ce qu’elles ont en commun, à savoir une toile, des couleurs et un cadre, à la limite une corde pour les accrocher au mur, et leur arracher de la sorte tout ce qui faisait leur intérêt? Mais ce qu’il faut se demander, c’est si c’est là la manière convenable d’interroger l’essence avant de rejeter avec dédain tout type d’interrogation semblable. Il faut se demander si en interrogeant l’essence de la peinture, ce n’est pas plutôt cette aptitude à être remarquable que l’on interroge, si ce n’est pas le rapport à l’homme qui la regarde et si l’on ne touche pas par là ce qui est au cœur de la particularité de chaque peinture et ce qui rend tout simplement possible qu’elle soit ce qu’elle est. Prenons par exemple un chien. On pourrait dire qu’en interrogeant l’essence ou l’être du chien, on tombe dans une interrogation vide qui nous éloigne de tout chien particulier. Mais examinons la chose de plus près et tentons de saisir la particularité du chien. Nous l’identifions d’abord comme un chien, mais cela, c’est très général. Précisons. Cette chose-ci a quatre pattes. Ceci est encore plus général. Elle a du poil; mais ça aussi c’est assez général : il y a beaucoup de choses avec du poil. Elle est de couleur noire. Encore une fois, nous tombons dans du plus général encore. Il y a une quantité innombrable de choses noires. Comment trouver le caractère qui décrira ce chien comme cette chose incomparablement particulière qu’il est? Mais précisément ceci, que c’est cette chose ci, unique rassemblement de toutes les qualités qu’on lui trouve. Cependant, le fait est que tout ce qui est est un ceci, une chose identifiable qui consiste dans le rassemblement de toutes les qualités qu’on lui trouve. En délimitant ce qui est le plus particulier, on trouve en fait le plus général, et c’est seulement en interrogeant ce plus général, ce fait de se rassembler en une particularité commun à toute chose, en interrogeant l’être de toute chose que l’on peut espérer parvenir à percer le mystère de ce chien.

dimanche 17 mai 2009

Comme c'est curieux, il y a une mauvaise odeur dans l'air, l'odeur de gens qui voudraient se faire flatter. Elle est partout et se répand comme un mauvais feu. Moi, je voudrais bien qu'on me dise plein de choses gentilles, qu'on fasse semblant d'être mon ami, qu'on me parle dans un langage qui me permet d'être à l'aise, qu'on me félicite à tout bout de champ pour rien et je serai alors, je vous le promets, prêt à féliciter à tout bout de champ tout le monde en retour. Oui, oui, s'il vous plaît, laissez-moi devenir une bouillie, et alors je disparaîtrai sans m'en rendre compte.

dimanche 3 mai 2009



Réunion de forces, activité et ferme résolution de mourir avec gloire. Ce sont ces trois grands principes de l'art militaire qui m'ont toujours rendu la fortune favorable dans toutes mes opérations. La mort n'est rien: mais vivre vaincu et sans gloire, c'est mourir tous les jours.

Napoléon Bonaparte