dimanche 6 septembre 2009

George Steiner, Tolstoï ou dostoïevsky



Il existe plus de "cent grand livres". plus de mille. Mais leur nombre n'est pas infini. À la différence du chroniqueur et de l'historien de la littérature, c'est des chefs-d'oeuvre que devrait s'occuper le critique. Sa fonction essentielle est de distinguer non pas entre le bon et le mauvais, mais entre le bon et le meilleur.
Là encore, l'opinion moderne tend à une vue tout autre. Une fois les joints du vieil ordre culturel et politique relâchés, elle a perdu cette assurance sereine qui permettait à Matthew Arnold de parler dans ses conférences sur l'art de traduire Homère, des "cinq ou six poètes suprêmes" du monde. Nous ne nous exprimerions plus ainsi. Nous sommes devenus des relativistes.
Mais n'abdiquons pas trop. Dans l'excès du relativisme se trouvent les germes de l'anarchie. La critique devrait nous rappeler le souvenir de notre haut lignage, l'incomparable tradition de l'épopée telle qu'elle se déroule d'Homère à Milton.
Comment, demandent-ils, ranger sous un même vocable l'Iliade et le Paradis perdu, que séparent des millénaires de faits historiques?
Nous leur répondrons que les antiques modes de définition et de compréhension ont plus de profondeur que les vicissitudes du temps.
Ce sont là quelques-unes des valeurs que j'évoquerai pour appuyer cette étude sur Tolstoï et Dostoïevsky. Ils sont les deux plus grands romanciers (toute critique, dans ses moments de vérité, est dogmatique [parce que la critique littéraire, faite comme il se doit, nait d'une dette d'amour]).

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