mercredi 5 octobre 2011

C'est un phénomène récent et troublant que les artistes décâtissent en vieillissant. On serait tenté de croire qu'au contraire, ils devraient s'améliorer, devenir de plus en plus exigeants envers eux-mêmes et comme Beethoven, Dostoïevski ou Proust, réaliser leurs chefs-d'oeuvres à la fin. Que se passe-t-il donc? Est-ce possible que la facilité des communications et le succès rapide qu'elles apportent soient capables de tout étouffer dans un narcissisme niais? Sommes-nous si bêtes et si fats? Écoutez Jay-Z comme il était bon tout petit. Ça donne envie de pleurer.

Le J entre à 1 minute 30.

mercredi 28 septembre 2011

J'en crois pas mes cheveux: à la télévision, Georges Laraque, qui maîtrise imparfaitement la différence entre les termes homophobie et homosexualité, affirme que quand les joueurs de hockey se traitent de Fags, ça ne vise pas particulièrement les homophobes, que ce n'est pas pour insulter les homophobes. L'homophobie, dit-il, ça n'a rien à voir avec cette insulte, ce n'est pas du tout ce à quoi pensent les joueurs.
Les ongles m'en tombent des doigts. Dire qu'on prétend qu'il est intelligent parce qu'il est allé à la même école que moi. Je m'en vais de ce pas exiger auprès du CHUM un scan cérébral au cas où j'aurais subi des dommages comparables.

vendredi 23 septembre 2011

Tant qu'il n'y a pas de rime
Il n'y a pas de crime
La poésie pour être belle
Doit être criminelle

mardi 9 août 2011

C'est quoi cette merde? Partout dans les pays catholiques, on fait des fêtes extravagantes et merveilleuses qui justifient la vie, sauf ici au Québec. Il y a le carnaval de Rio, le Mardi gras de la nouvelle Orléans, mais Montréal est mort à l'année longue. On nous fait croire qu'il y a des festivals de jazz machin mélangé et ça nous fait taire? On nous donne des concerts de la St-Jean avec des pseudos artistes moyens populaires et ça nous fait taire? Nous devrions si nous étions le moindrement quelque chose comme un peuple, trouver des déguisements et s'organiser un peu de grandeur carnavalesque, peu importe la date ou le saint qui servira de prétexte.

mardi 26 juillet 2011

QUAI DES BRUMES (J. Prévert)


"T'es une drôle de fille quand même; c'est vrai, j'ai qu'à te regarder, t'écouter et puis... puis j'ai envie de pleurer".

jeudi 14 juillet 2011

Un autre bon mot du génie méconnu:

"Sur un rocher de la rive asiatique se dresse une tour, Kiz Kulesi, la tour aux jeunes filles. C'est l'endroit où habitait la belle héro, qui attendait chaque nuit son Léandre. Il venait de l'autre côté, ses affaires étaient sur la rive européenne, mais son amour demeurait en Asie. Le soir, il se jetait à l'eau et nageait, une lumière le guidait, il nageait dans sa direction, le matin il retournait à son travail. Un amour fatiguant, il n'est pas donné à n'importe quel jeune homme d'aimer aussi intensément. Mais un soir une tempête se leva, et, comme en ce temps-là la technique était arriérée, le vent souffla la lumière, le jeune homme oeuvra dans l'obscurité, et Héro attendit en vain cette nuit-là, le jeune homme arriva au matin, mais il était sans vie, c'est-à-dire qu'il était mort. On dit que la belle sauta à son tour dans la mer. Pour rappeler cette terrible tragédie et pour montrer que la technique moderne règle tous les problèmes, le gouvernement a construit sur ce rocher un phare, sauf que plus personne aujourd'hui ne veut traverser à la nage ces eaux effroyables. Schiller a écrit pour cette raison un poème, Grillparzer un drame, mais en vain, les jeunes gens restent sur la terre ferme, les jeunes filles attendent vainement, le phare ne sert qu'à la navigation".
A. Döblin, Voyage babylonien.

mardi 12 juillet 2011

Voilà. Une petite séance de réflexion pour les cons qui veulent pas être gros et mourants et pour les plus cons encore qui osent penser que les gros ont besoin qu'on les défende.







jeudi 7 juillet 2011

Quelle bonne idée d'être gros et sur le point de mourir, ça rend profond.

lundi 4 juillet 2011

Citation magnifique trouvée sur internet dans un site de critiques populaires de je ne sais trop quelle genre d'oeuvre plus ou moins artistique: "il y en a qui apparaissent, il y en a qui disparaissent".

vendredi 17 juin 2011

La vie est dure. Tout le monde le sait. Mais ce qui gâche tout, ce sont ces distraits qui font comme si c'était intéressant, les pires à cet égard étant bien sûr les désespérés. Quelques phrases comme celles qui suivent, parfois nous en consolent:
La vie fleurit par le travail, vieille vérité: moi, ma vie n'est pas assez pesante, elle s'envole et flotte loin au-dessus de l'action, ce cher point du monde.
A. Rimbaud, Une saison en enfer

mercredi 25 mai 2011


De la suite dans les idées

Le passager arrière respirait les gaz d'échappement, afin qu'il se mît bien en tête que ce n'était pas un véhicule ordinaire, mais un véhicule mu par un moteur qui, à la façon d'un vivant, avalait par devant de l'essence claire et rejetait par derrière des gaz puants, et se conduisait comme un dément entre les deux. Le tout était compréhensible du point de vue de la nature, mais difficile à supporter du point de vue de l'homme.

A. Döblin, Voyage babylonien

mercredi 11 mai 2011

Döblin paraphrasant Nietzsche: "la littérature est un rire de supériorité par rapport aux faits".

dimanche 1 mai 2011





Yourcenar, à propos de ses Mémoires d'Hadrien, et peut-être aussi une jolie formulation de la première règle de politesse qui apparaîtrait dans un juste traité d'éthique fondamentale.

"Grossièreté de ceux qui vous disent: "Hadrien, c'est vous." Grossièreté peut-être aussi grande de ceux qui s'étonnent qu'on ait choisi un sujet si lointain et si étranger. Le sorcier qui se taillade le pouce au moment d'évoquer les ombres sait qu'elles n'obéiront à son appel que parce qu'elles lapent son propre sang. Il sait aussi, ou devrait savoir, que les voix qui lui parlent sont plus sages et plus dignes d'attention que ses propres cris."

dimanche 27 février 2011


Si l'entrée du corps était au milieu du dos, comme seraient sexy les omoplates.

mercredi 15 décembre 2010


C'est plein de gens qui se querellent. Se quereller, des gens, mon ami m'avait bien averti contre eux. Quel ennui que tous ces gens. Quel ennui que leurs querelles.

samedi 11 décembre 2010

Dernier Hugo, promis, mais hugo important pour la suite de tout.

Il aperçut au-dessus de sa tête, vis-à-vis du château brûlant et dans le plein jour de l'incendie une figure hagarde et lamentable, une femme penchée sur le ravin.
C'était de cette femme qu'était venu ce cri.
Cette figure, ce n'était plus Michelle Fléchard, c'était Gorgone. Les misérables sont les formidables. La paysanne s'était transfigurée en euménide. Cette villageoise quelconque, vulgaire, ignorante, inconsciente, venait de prendre brusquement les proportions épiques du désespoir. Les grandes douleurs sont une dilatation gigantesque de l'âme; cette mère, c'était la maternité; tout ce qui résume l'humanité est surhumain; elle se dressait là, au bord de ce ravin, devant cet embrasement, devant ce crime, comme une puissance sépulcrale; elle avait le cri de la bête et le geste de la déesse; sa face, d'où tombaient des imprécations, semblait un masque de flamboiement. Rien de souverain comme l'éclair de ses yeux noyés de larmes; son regard foudroyait l'incendie.

vendredi 5 novembre 2010

--Pourquoi?
--Parce que.
Cette réponse de celui qui ne sait rien est aussi la réponse de celui qui sait tout.

Victor Hugo, Quatre-vingt treize

mercredi 27 octobre 2010

Victor Hugo, méditant Parménide, sans s'en rendre compte:

Cette plénitude énorme, au fond, c'est le vide.
Quatre-vingt treize

mercredi 29 septembre 2010

Quand on se masturbe, on doit aimer un autre, au moins dans la tête. N'est-ce pas la plus incontestable preuve de moralité?

samedi 11 septembre 2010

Thank god for Jimmy

"It's all about self preservation, Jimmy.
That's something you never learned."
The Wire

Considération intempestive à ce sujet:

http://franzschurch.blogspot.com/2007/12/les-villes-invisibles-1-pas-un-ne-se.html

dimanche 22 août 2010

COMÉDIE

puisqu'il faut bien parfois tenter de lever les pieds de sur le sol.


Qui es tu toi avec ta voix qui parle et les bandes épaisses de chair rouge d’où sortent ces sons il y a des filles qui chantent je ne t’ai jamais entendue chanter quand tu parles il y a des morceaux de sable dans ta voix tu ne sais pas bien pousser les sons en projetant comme il faut comme les chanteurs professionnels je n’écoute pas toujours ce que tu dis et je le regretterai quand je n’entendrai plus les morceaux de cailloux quand tu parles il y a des morceaux de vitre brisée dans ta voix il y a des gens qui pensent qu’on ne voit qu’à travers l’eau mais dans l’eau on se noie à travers ta bouche il y a des morceaux de verre c’est à travers eux quand tu parles qu’on voit clair quand tu dis des choses je suis distrait je regarde souvent ton ventre il est impossible de le voir à cause des tissus que tu mets dessus tu m’as dit l’autre jour quand nous marchions dans la rue que rien n’est impossible je ne t’ai pas crue car je suis distrait quand je regarde ton ventre qu’il est possible de deviner sous ton chandail en tissus rouge ou d’une autre couleur ça dépend des jours et c’est toujours parfait car ton ventre il a l’air de la peau et de dessous des muscles et des estomacs et des tubes et choses qui doivent être merveilleuses quand on les voit sous toi on les voit bouger et pousser sur le chandail on les devine mieux alors poussées quand tu parles par ta voix qui ne crie jamais et si elle criait je pense que je mourrais tellement ça serait fort pas par ta voix pleine de vitres et toute encombrée de clarté mais par ton ventre tout petit tout impossible derrière le tissu qui cache des mètres de vie repliée qui transforment le café en sang en mal de ventre en excitation en idée parfois j’ai failli oser toucher avec une main ton ventre et avec l’autre ton dos et mesurer l’épaisseur entre les deux et comprendre comment tout ce qu’on raconte qui s’y passe n’est pas très crédible mais j’oublie toujours de vérifier car distrait quand tu parles je le vois bouger comme s’il y avait quelque chose dedans.

vendredi 13 août 2010

"You'd rather live in shit than let the world see you work a shovel."
Lieutenant Daniels parlant à un commandant policier dont toute l'agitation ne vise, comme pour la plupart de ceux qui s'agitent, qu'à ne rien faire de bien (tout en imaginant se faire du bien en se servant lui-même étroitement et, pour ne pas être forcé de voir clair, en travaillant à rendre tout le monde aveugle).
Épisode 11 de la première saison de THE WIRE

mardi 10 août 2010

Une petite pensée pour Huguette Gaulin.

dimanche 25 juillet 2010


Bob Dylan II


Comme c'est amusant que celui dont Joan Baez disait qu'il était so good with words parle des mots comme de foam from the mouth et de Casanova comme risquant d'être poisonned with words dans Desolation row. Ceux qui qui sont bons avec les mots aimeraient-ils vraiment moins les mots que les choses?
Quand Dylan a raison I

Your magnetic movements
Still capture the minutes I'm in

But it grieves my heart, love
To see you tryin' to be a part of
A world that just don't exist

It's all just a dream, babe
A vacuum, a scheme, babe
That sucks you into feelin' like this.

I can see that your head
Has been twisted and fed
With worthless foam from the mouth


To Ramona




Madame s'est brûlée tout au complet au milieu de Montréal, là où ne vont plus que ceux qui font des tours ou qui ont trop d'argent. Elle s'est mis le feu en disant "vous avez tué la beauté du monde". Ceux qui n'entendent pas -- dont nous sommes tous à différents degrés -- se demandent toujours ce qu'elle voulait dire.
Ce n'est pas une mauvaise chose. Les faux incompris sont toujours compris par ceux qui le prétendent. Les vrais incompris, portés par une mauvaise époque, ne peuvent espérer que les caresses des chiens ou du feu.

mercredi 7 juillet 2010


Van Gogh, lettre à son frère entre 1883 et 1885, sans date.

Je sens que père et mère réagissent instinctivement à mon sujet (je ne dis pas intelligemment).
On hésite à m'accueillir à la maison, comme on hésiterait à accueillir un grand chien hirsute. Il entrera avec ses pattes mouillées -- et puis, il est très hirsute. Il gênera tout le monde. Et il aboie bruyamment.
Bref -- c'est une sale bête.
Bien -- mais l'animal a une histoire humaine et, bien que ce ne soit qu'un chien, une âme humaine. Qui plus est, une âme humaine assez sensible pour sentir ce qu'on pense de lui, alors qu'un chien ordinaire en est incapable.
Quant à moi je veux bien admettre d'être un chien, et cela ne change rien à leur valeur.
Le chien comprend que, si on le gardait, ce serait pour le supporter, le tolérer dans cette maison; par conséquent il va essayer de trouver une niche ailleurs.
C'est beau Reuky.


vendredi 2 juillet 2010

Oh captain my captain what am I here alone
Am I eyes dirt or nails?
I am sailing on boat bild by hands and unknown
On water that mirrors
Can I see beyond that reflexion no
because wind Is too thick and life impossible
Although wind makes a plane
and dirt and nails and all alone may a day make a captain.
Who flies?
A bird?
How wrong.
Si voler n'était pas une métaphore
Il faudrait vraiment que je sois musclé pour porter des os dans le vent
Avec toute cette exagération d'humanité

samedi 26 juin 2010

Ô Capitaine! Mon Capitaine! Notre voyage effrayant est fini
Le bateau a franchi tous les caps, le prix est gagné
Le port est proche, j’entends les cloches, le peuple exulte
Les yeux suivent la quille tranquille, le vaisseau sombre et vrai

Mais Ô cœur! Cœur! Cœur!
Ô les coulures sanglantes du rouge,
Quand sur le pont gît mon Capitaine
Tombé mort et froid.

Ô Capitaine, mon Capitaine! Levez-vous, entendez les cloches
Levez-vous, pour vous le drapeau flotte, pour vous le clairon trille
Pour vous les bouquets, les couronnes, les rubans, les rives vives et pleines
C’est vous qu’ils appellent, la masse attentive, leur face inquiète se lève
Ici Capitaine! Cher Père!
Ce bras sous votre tête,
C’est comme un rêve quand sur le pont
Vous êtes tombé mort et froid.

Mon capitaine ne répond pas, ses lèvres sont pâles et muettes,
Mon père ne sent point mon bras, il n’a ni pouls ni tête
Le bateau est ancré sain et sauf
Son voyage est accompli
Du terrible enjeu le vaisseau victorieux revient fort de son gain

Exultez, Ô rives, sonnez, Ô cloches!
Mais d’un pas de deuil
Je marcherai sur le pont où mon Capitaine
Est tombé mort et froid.



O Captain! My Captain!

O Captain! My Captain! our fearful trip is done;
The ship has weather'd every rack, the prize we sought is won;
The port is near, the bells I hear, the people all exulting,
While follow eyes the steady keel, the vessel grim and daring

But O heart! heart! heart!
O the bleeding drops of red,
Where on the deck my Captain lies,
Fallen cold and dead.


O Captain! My Captain! rise up and hear the bells;
Rise up-for you the flag is flung-for you the bugle trills;
For you bouquets and ribbon'd wreaths-for you the shores a-crowding;
For you they call, the swaying mass, their eager faces turning

Here Captain! dear father!
This arm beneath your head;
It is some dream that on the deck,
You've fallen cold and dead.


My Captain does not answer, his lips are pale and still;
My father does not feel my arm, he has no pulse nor will;
The ship is anchor'd safe and sound, its voyage closed and done;
From fearful trip the victor ship comes in with object won

Exult, O shores, and ring, O bells!
But I with mournful tread,
Walk the deck my Captain lies,
Fallen cold and dead.

Walt Whitman (Pour Abraham Lincoln)