jeudi 31 janvier 2008

Qu'est-ce qu'une nouvelle?

Est-ce une nouveauté que la mort est partout et que derrière chaque coin de rue se cache un vent trop fort qui risque de faire tomber un arbre lourd sur nos toits ou sur nos têtes?

Est-ce une nouveauté que souvent le plus fort de ces vents, il est soufflé par les hommes?

Est-ce une nouveauté qu'il est soufflé souvent sans savoir pourquoi?

Et pourquoi de la nouveauté?

Est-ce pour oublier toujours plus fort ce qui n'est absolument pas nouveau: que nous allons tous mourir violemment et qu'avant cela nous aurons tous commis des fautes irréparables?

Allez, changez donc de chandail, couper vos cheveux et faites un peu d'ordre dans vos maisons, puisqu'il n'y a rien d'autre à faire.

Une vrai nouveauté, c'est étrange, c'est inusité, et ça ne passe pas à la télévision à 22h sous l'impulsion d'une voix mince qui ne veut que faire son travail. Une vraie nouveauté ça ne s'oublie pas. Et une vraie nouveauté, ça ne nous laisse pas passer à une nouvelle nouveauté dès la seconde suivante.

Et si la nouveauté c'était d'avoir le regard assez chaud pour ne pas vouloir passer à quelque chose d'autre et si c'était aimer assez la lumière pour souhaiter brûler avec elle plutôt que d'oublier?

Alors il y aurait des feux partout et ça ce serait neuf.

18 commentaires:

Anonyme a dit…

INDIAN TERRITORY

Les flèches du temps
Convergent toutes
Vers l'instant présent
Les écuyers le voient bien
Quand les chevaux rentrent fourbus
De leurs galops incessants
Une fois les montures aux alpages
Les cavaliers regardent en souriant
La lanceuse de couteaux
Dissoudre l'épaisseur de corne
Qui obture les yeux
De l'abondance de sa brume

Mistral a dit…

Et si la nouveauté réclamait de celui qui l'incarnait de la mettre au jour et de la défendre au lieu de gaspiller dix ans a étudier planqué pourquoi la nouveauté est une vision de l'esprit?

Le pire, c'est qu'on serait censés endurer toute cette purée philosophique de bout de bite jusque toujours.

Chu pas un de tes élèves captifs, et je te pardonnerai jamais ta désertion. Tes réflexions philosophiques sont enfantines et franchement merdiques. Toute cette hauteur adolescente! A vingt ans, tu en riais. Y a que ta poésie qui brille de tes feux toujours. Et il t'en restera toujours un ti-boutte que tu sais pas, et hostie que tu m'enrages. Je te revois sauter dans la face du juge qui venait de me condamner. Tu faisais pas de philosophie, ce jour-la.

Franz Schürch a dit…

Il faut décidément ne pas connaître grand chose à la philosophie pour penser qu'il s'agit là de réflexions philosophiques. C'est un peu plus exigent que ça des réflexions philosophiques, et un peu plus long.

D'abord, je n'ai jamais sauté dans la face d'un juge, ensuite il s'est avéré que je n'avais alors pas raison, puis l'on ne peut pas déserter ce que l'on n'a jamais habité (ici, ce que tu dis est complètement délirant). Tu t'inventes des personnages qui sont pauvres en plus d'être faux et auxquels je ne voudrais jamais en rien correspondre. Et insulter puérilement les autres, ce n'est pas en soit une garantie d'intelligence.

Franz Schürch a dit…

Ça commence vraiment à devenir plate et stupide ici.

Anonyme a dit…

Ton texte éveille en moi de nombreuses questions. Entre autres, comment resté touché par ce qui nous entoure alors que notre condition d'humain, d'être pensant, nous demande pour vivre dans un certain équilibre de nous couper du feu ardent de nos angoisses les plus profondes?

Delfe

Franz Schürch a dit…

Je ne pense pas que l'équilibre se gagne dans le sens que vous indiquez. Plus l'on se laisse toucher par "nos angoisses les plus profondes", plus il me semble que nous saisissons le poids des choses et que nous accordons alors à ce qui le qui mérite les plus profonds enthousiasmes.

Anonyme a dit…

Je pense m'être mal fait comprendre. Je ne sais pas nécessairement comment l'équilibre entre conscience vs angoisse profondes se fait. Mais je suis d'accord que de s'y plonger le mieux que l'on peut, nous amène vers une conscience du «poids des choses».

Par ma question, je voulais simplement souligner que la conscience profonde des choses est en contrepartie angoissante. On cherche donc en conséquence bien souvent à la fuir (plus ou moins selon les individus et les phases de notre vie). Je pense que ce que vous proposez, c'est de s'y plonger, de les apprivoiser afin de se recadrer intérieurement à l'essentiel. Est-ce que je me trompe?

Delfe

P.S. Désolé pour le tutoiement. Ça a glissé...

Franz Schürch a dit…

Pas de problème, tu peux me tutoyer. Tu ne te trompes pas. Mais ce que j'ai dit, c'est précisément que la conscience du poids des choses est nécessaire à un réel enthousiasme, d'où l'équilibre entre enthousiasme et angoisse. Fuir cette conscience, en soi beaucoup moins unilatéralement angoissante qu'on semble le croire, ce ne me semble pas permettre d'atteindre un équilibre, mais au contraire, cela risque plutôt de tout affadir et, dans la feinte et le mensonge, de fixer l'esprit dans la crise superficielle du refoulement.

Anonyme a dit…

Merci de tes éclaircissements. Puis-je me permettre de t'en demandez une autre? Peux-tu m'en dire davantage sur les "plus profonds enthousiasmes" conséquences d'un travail de conscience face aux choses profondes?

Delfe

Franz Schürch a dit…

Quelque chose ne peut nous enthousiasmer de façon authentique si l'on est indifférent à cette chose. Pour ne pas être indifférent, il faut sentir que la chose n'est pas en toute sécurité, pleinement acquise et possédée: il faut donc sentir qu'elle est fragile. L'angoisse ainsi ou pour le dire autrement, le sentiment de ce qui est fragile et constamment menacé de destruction, est condition de tout enthousiasme profond. Si au contraire, une quelconque légèreté d'âme ou un esprit gaillard ou rieur est construit sur la négation de tout ce qu'il y a de menaçant et sur la fuite devant l'angoisse, alors, ce n'est pas un authentique enthousiasme, mais l'équivalent d'un rire jaune.

Anonyme a dit…

Merci, encore une fois de ta réponse. Et maintenant, si nous abordions la nouveauté de façon plus précise. As-tu un ou deux exemples à me donner, personnels ou non, qui éclaireraient un peu plus l'élaboration précédente? Je me sens près d'une compréhension satisfaisante, mais c'est comme s'il manquait un petit quelque chose...

Delfe

Franz Schürch a dit…

Rapidement: la nouveauté des nouvelles et des journalistes correspond au rire jaune. La vraie nouveauté à l'enthousiasme profond.
Des exemples? Ce n'est pas une question d'un objet plutôt qu'un autre, mais d'une attitude fondamentale: est-ce que l'on veut qu'une chose vienne frapper notre esprit pour nous distraire et ensuite passer à autre chose dans un tourbillon fuyant ou sommes-nous capables d'être assez émerveillés par quelque chose pour y consacrer du temps et s'abandonner dans l'attention accordée à cette chose. Est-ce que je veux toucher à tout le plus vite possible afin de me sentir en sécurité dans la familiarité avec tout? Est-ce que je veux ainsi me soûler de catastrophes humanitaires dans un geste cathartique superficiel ou est-ce que je veux savoir que je ne suis pas en sécurité et que c'est ça qui depuis le dégbut m'a permis d'être attaché à la vie et à ce qui s'y manifeste?

Anonyme a dit…

Merci de ta réponse. Je vais y méditer un peu, histoire que ça devienne une nouveauté...

Delfe

Anonyme a dit…

J'aimerais, si cette discussion t'intéresse un peu, relancer ce passage d'une de tes réponses :

«Mais ce que j'ai dit, c'est précisément que la conscience du poids des choses est nécessaire à un réel enthousiasme, d'où l'équilibre entre enthousiasme et angoisse.»

Ce contenu me fait penser à certains aspects de la pensée bouddhiste qui soulignent l'importance de la conscientisation de la mort, tout en pronant un travail quotidien qui mène idéalement à un accroissement de la conscience du poids des choses, à une plus profonde présente à l'instant présent.

Qu'en dis-tu?
Delfe

Anonyme a dit…

Désolé pour les fautes. Je ne me suis pas relu...
Delfe

Franz Schürch a dit…

Heille, J'avais répondu et c'est disparu. Étrange mystère! Reprenons: je connais mal leBouddhisme, mais il me semble l'avoir plutôt entendu présenté comme une morale du détachement. Sinon ce que tu dis semble concorder pas mal à ce que je tentais de faire valoir. Tout dépend de ce que l'on entend par "plus profonde présence à l'instant présent" et de quel type de "concientisation de la mort" on parle.

Anonyme a dit…

Je viens de discuter avec une connaissance qui est familière avec le Bouddhisme. Effectivement, il y a une part de travail de détachement dans cette religion-philosophie, et je ne sais pas si ça va à l'encontre de tes propos sur la nouveauté.

D'après ce que j'en comprends, les prémisses du Bouddhisme partent de la souffrance comme condition inhérente et inévitable de la vie humaine, ainsi que de la conscience de la mort, et conséquemment, de nôtre propre mort. Loin de fuir cette réalité plutôt angoissante, il semble que la voie bouddhiste cherche plutôt à en tirer profit et certains enseignements. : "La vie est souffrance et je suis mortelle. Les autres souffrent et vont mourrir comme moi. Pourquoi ne pas affronter cette réalité qui est la mienne, la nôtre, afin de vivre le plus pleinement cette existence?"

Pour ce faire, ils vont réfléchir à la vie, à la mort et à la souffrance (au travers les écrits bouddhistes, entre autres); faire des pratiques qui favorisent un meilleur contrôle de l'esprit et une meilleure capacité de concentration à l'instant présent (méditation, contemplation, auto-observation, etc.); dévellopper sa compassion envers soi et les autres être humains (qui sont dans la même galère) et tenter d'aider à contrer la souffrance, favoriser les prises de conscience, et favoriser l'évolution humaine.

Bon, en parallèle, il y a tout le côté croyances (le karma, la réincarnation, la recherche de l'illumination, etc.) que je ne connais que superficiellement : je ne vais donc pas développer davantage, même si ça semble central.

Il peut être important de mentionner qu'il semble y avoir plusieurs courants de pensée à l'intérieur du mouvement bouddhiste. Certains étant très conservateurs (et par le fait même plus moraux), d'autres plus ouverts à la diversité des pratiques, des expériences, des "voies". Il semble que l'Occident souvre au Bouddhisme, mais aussi que le Bouddhisme s'ouvre à l'Occident...

Pour ce qui est de ton interrogation par rapport à la "plus profonde présence à l'instant présent" et de quel type de "concientisation de la mort" on parle, j'avoue que ça dépasse pour l'instant mes connaissances de cette philosophie. Je souhaite peut-être m'inscrire à une des belles soirées de l'UdeM sur le Bouddhisme ce printemps données par Charles Leblanc, prof de Philo. à l'UdeM.

À suivre...

Delfe

Anonyme a dit…

Tout ça pour dire que ta vision de la nouveauté m'inspirait des parallèles avec la pratique bouddhhiste, sans éléments moraux. J'en retiens de se confronter à nos angoisses les plus profondes nous aident à être conscient du poids des choses et à avoir un réel enthousiasme, tout le contraire d'une attitude du "rire jaune".

D'un point de vue extérieur, ça me semble une tâche essentielle, mais excessivement hardue. Être "trop" conscient, c'est exigent en énergie psychique et parfois c'est bien plus facile de regarder les nouvelles comme un divertissement, même si on se coupe un peu/beaucoup des choses.

Delfe