Aimer, dit-on, c'est vouloir s'approcher de l'autre ... ainsi penser à quelqu'un c'est l'aimer, car c'est se rapprocher de lui, ne serait-ce qu'en pensée, dit-on. Mais est-ce vraiment cela que l'amour? Aimer, si c'est vouloir s'approcher-de, être-auprès-de, comment alors croire que le principe premier (Aristote) puisse être amour et à la fois principe acteur (sans être mu)? Est-ce cela qu'un raisonnement fabuleux de l'esprit qui s'abuse lui-même (dirait Kant)? Alors second argument ... Penser à autruit comme une source de stimulation sexuelle, de plaisir, est louable. Mais il existe différentes formes de sexualité comme différentes forme d'amour (psychologiquement parlant). Certains sont des dépendants affectif (pourtant ils aiment), d'autres sont jaloux, moqueurs, méchants même, envers ce que pourtant ils aiment. L'amour le plus louable, à mon humble avis, est celui qui s'exprime sous une forme plus spirituelle (pardonnez mon élévation d'esprit), celui où l'on favorise, où l'on promeut l'épanouissement, l'évolution de l'âme vers une forme du sur-vie (vous voyez?). Un peu lévinassien comme réflection, les bonnes carresses cherchent sans vouloir trouver. Elles ne trouvent pas de fétiche. Oui, pour le fantasme, mais combien supérieur celui qui met en scène la jouissance de l'autre et non la sienne. Il ne faut pas tout mettre dans le même panier avec des généralisations. Mon premier commentaire cherchait à souligner ce fait. Mais j'imagine bien que vous n'avez jamais commis cette erreur et toujours considéré l'acte érotique comme une sublimation des êtres. Cordialement vôtre.
Peut-être que les différentes formes d'amours dont vous parlez (dépendance, jalousie, etc.) sont moins des amours différents subsumables sous le concept d'amour que des perversions confuses d'un élan mal compris.
Ensuite,chez l'homme, tout ce qui est charnel est spirituel. On ne se masturbe et on ne fait l'amour que dans la tête.
Le dernier problème (chercher sans vouloir trouver) est le plus difficile et je ne suis pas sûr de pouvoir le résoudre. La tension qui vise à être auprès de l'autre exprime un rapport entre un soi et une altérité. Cette volonté de rapprochement est-elle un égoïsme? Je n'en suis pas sûr et je ne suis pas convaincu davantage que ce qui soit souhaitable ici et même moralement en général soit une dissolution totale de ce qui me semble faussement compris à l'aune de l'égoïsme dans le "chercher sans trouver". Il me paraît y avoir une alternative à la compréhension du désir comme consommation. Mais vous avez raison, il y a ici beaucoup de Levinas et ce problème est à mon sens une des dificultés sur lesquelles sa pensée achoppe.
''Ensuite,chez l'homme, tout ce qui est charnel est spirituel. On ne se masturbe et on ne fait l'amour que dans la tête.''
Bien audacieuse comme réponse, mais satisfaisante puisque qu'il me plaît davantage de jeter mes yeux sur l'horizon ainsi ouvert que sur des tables de vocabulaire.
Pour ma part, quand on se masturbe, on doit désirer un autre, au moins dans sa tête. L'amour, c'est optionnel, un potentiel. Mais bon, tout cela dépend de la définition du mot «amour».
Si l'amour est vu comme étant un élant qui prend nécessairement en considération l'autre, il y a moralité; mais si l'amour peut vouloir dire que l'autre est vu comme un objet narcissique (utilisé dans le seul but de répondre à nos désirs, sans trace de considération de réciprocité), je ne suis plus d'accord. Bref, tout dépend du type d'amour, ou de désir, qui se trame derrière la pensée.
On pourrait, par contre, se demander si dans chaque désir d'un autre, il n'y a pas nécessairement une trace d'amour de l'autre, de prise en considération d'autrui. Si on répond oui, je serais d'accord avec votre affirmation de départ.
Pour ma part, je me masturbe plusieurs fois par jour en visionnant des films pornographiques. Je ne considère pas que c'est par amour, mais plutôt par simple soucis d'entretien, au même titre qu'une vidange d'huile sur une automobile.
Au dernier anonyme: l'argument que je propose prétend que votre vidange ne pourrait se faire sans amour, pas qu'il ne s'agit pas pour vous d'une vidange. Toutefois, si vous êtes capables de "venir" par pur frottement, en ne pensant à rien, à votre grand-mère où à un pneu, tant mieux ou plutôt tant pis pour vous et tant mieux pour les autres, puisqu'alors vous ne risquez certes pas de les déranger.
C'est un problème très intéressant. Je dirais qu'on pourrait expliquer ça comme de l'amour mal compris. Il arrive à la plupart d'entre nous d'aimer mal. Cet exemple en serait un cas extrême. Pour dire vite, celui qui viole a besoin de l'autre, veut son regard terrifié, veut son refus, donc son autonomie (sinon il se frotterait sur un coussin). Mais voulant son autonomie, l'extase de l'autre, il la détruit en même temps. Hegel me semble avoir réfléchi là-dessus dans sa dialectique du maître et de l'esclave. C'est un exemple extrême, mais ce n'est pas le seul où des humains, en poussant vers ce qu'il veulent, le détruisent, ou obtiennent le contraire de ce qu'ils veulent ou encore croient l'avoir eu en l'ayant en fait complètement pourri.
Est-ce que c'est de l'amour si «on veux qu'une personne existe pour qu'on puisse l'admirer dans tous les sens» sans que cette dernière ne ressente la même chose envers nous? Est-ce que ta définition de l'amour ne se rapprocherait pas de l'idolâtrie?
Non, je ne crois pas. Aimer quelqu'un vraiment, c'est avant tout aimer sans espoir de retour il me semble; être aimé me parait quelque chose de bien différent et la coïncidence des deux un miracle.
On peut être amoureux et fier en même temps. Aimer, ce n'est pas se transformer en esclave de celui qu'on aime. Admirer quelqu'un et être ravi de sa présence, ce n'est pas devenir une lopette droguée qui se traîne à plat ventre. Paradoxalement, celui qui se traîne à plat ventre aime rarement autre chose que lui-même: il se sait simplement trop faible et parasite ceux qu'il pense pouvoir le servir en singeant l'admiration.
17 commentaires:
Lorsque je me masturbe en pensant à mon petit voisin ...
Aimer, dit-on, c'est vouloir s'approcher de l'autre ... ainsi penser à quelqu'un c'est l'aimer, car c'est se rapprocher de lui, ne serait-ce qu'en pensée, dit-on. Mais est-ce vraiment cela que l'amour? Aimer, si c'est vouloir s'approcher-de, être-auprès-de, comment alors croire que le principe premier (Aristote) puisse être amour et à la fois principe acteur (sans être mu)? Est-ce cela qu'un raisonnement fabuleux de l'esprit qui s'abuse lui-même (dirait Kant)? Alors second argument ... Penser à autruit comme une source de stimulation sexuelle, de plaisir, est louable. Mais il existe différentes formes de sexualité comme différentes forme d'amour (psychologiquement parlant). Certains sont des dépendants affectif (pourtant ils aiment), d'autres sont jaloux, moqueurs, méchants même, envers ce que pourtant ils aiment. L'amour le plus louable, à mon humble avis, est celui qui s'exprime sous une forme plus spirituelle (pardonnez mon élévation d'esprit), celui où l'on favorise, où l'on promeut l'épanouissement, l'évolution de l'âme vers une forme du sur-vie (vous voyez?). Un peu lévinassien comme réflection, les bonnes carresses cherchent sans vouloir trouver. Elles ne trouvent pas de fétiche. Oui, pour le fantasme, mais combien supérieur celui qui met en scène la jouissance de l'autre et non la sienne. Il ne faut pas tout mettre dans le même panier avec des généralisations. Mon premier commentaire cherchait à souligner ce fait. Mais j'imagine bien que vous n'avez jamais commis cette erreur et toujours considéré l'acte érotique comme une sublimation des êtres. Cordialement vôtre.
Peut-être que les différentes formes d'amours dont vous parlez (dépendance, jalousie, etc.) sont moins des amours différents subsumables sous le concept d'amour que des perversions confuses d'un élan mal compris.
Ensuite,chez l'homme, tout ce qui est charnel est spirituel. On ne se masturbe et on ne fait l'amour que dans la tête.
Le dernier problème (chercher sans vouloir trouver) est le plus difficile et je ne suis pas sûr de pouvoir le résoudre. La tension qui vise à être auprès de l'autre exprime un rapport entre un soi et une altérité. Cette volonté de rapprochement est-elle un égoïsme? Je n'en suis pas sûr et je ne suis pas convaincu davantage que ce qui soit souhaitable ici et même moralement en général soit une dissolution totale de ce qui me semble faussement compris à l'aune de l'égoïsme dans le "chercher sans trouver". Il me paraît y avoir une alternative à la compréhension du désir comme consommation. Mais vous avez raison, il y a ici beaucoup de Levinas et ce problème est à mon sens une des dificultés sur lesquelles sa pensée achoppe.
Si c'est de l'amour, alors les jolis magazines qu'on ne trouve pas chez le dentiste en sont remplis, d'amour.
L'adolescent que j'étais est rassuré.
''Ensuite,chez l'homme, tout ce qui est charnel est spirituel. On ne se masturbe et on ne fait l'amour que dans la tête.''
Bien audacieuse comme réponse, mais satisfaisante puisque qu'il me plaît davantage de jeter mes yeux sur l'horizon ainsi ouvert que sur des tables de vocabulaire.
à Simon P.
C'est une erreur: l'amour est dans les magazines, mais pas où on le voit, seulement très loin, dans le fond.
Et puis l'amour n'est jamais rassuré.
Pour ma part, quand on se masturbe, on doit désirer un autre, au moins dans sa tête. L'amour, c'est optionnel, un potentiel. Mais bon, tout cela dépend de la définition du mot «amour».
Si l'amour est vu comme étant un élant qui prend nécessairement en considération l'autre, il y a moralité; mais si l'amour peut vouloir dire que l'autre est vu comme un objet narcissique (utilisé dans le seul but de répondre à nos désirs, sans trace de considération de réciprocité), je ne suis plus d'accord. Bref, tout dépend du type d'amour, ou de désir, qui se trame derrière la pensée.
On pourrait, par contre, se demander si dans chaque désir d'un autre, il n'y a pas nécessairement une trace d'amour de l'autre, de prise en considération d'autrui. Si on répond oui, je serais d'accord avec votre affirmation de départ.
Pour ma part, je me masturbe plusieurs fois par jour en visionnant des films pornographiques. Je ne considère pas que c'est par amour, mais plutôt par simple soucis d'entretien, au même titre qu'une vidange d'huile sur une automobile.
Au dernier anonyme: l'argument que je propose prétend que votre vidange ne pourrait se faire sans amour, pas qu'il ne s'agit pas pour vous d'une vidange. Toutefois, si vous êtes capables de "venir" par pur frottement, en ne pensant à rien, à votre grand-mère où à un pneu, tant mieux ou plutôt tant pis pour vous et tant mieux pour les autres, puisqu'alors vous ne risquez certes pas de les déranger.
Il y a aussi ceux qui sont capables de «venir» en violant une personne. Peut-on appeler ça aussi de l'amour? de l'amour forcé?
C'est un problème très intéressant. Je dirais qu'on pourrait expliquer ça comme de l'amour mal compris. Il arrive à la plupart d'entre nous d'aimer mal. Cet exemple en serait un cas extrême. Pour dire vite, celui qui viole a besoin de l'autre, veut son regard terrifié, veut son refus, donc son autonomie (sinon il se frotterait sur un coussin). Mais voulant son autonomie, l'extase de l'autre, il la détruit en même temps. Hegel me semble avoir réfléchi là-dessus dans sa dialectique du maître et de l'esclave. C'est un exemple extrême, mais ce n'est pas le seul où des humains, en poussant vers ce qu'il veulent, le détruisent, ou obtiennent le contraire de ce qu'ils veulent ou encore croient l'avoir eu en l'ayant en fait complètement pourri.
je ne comprends pas ce que tu veux dire par «amour».
l'amour? Je dirais que c'est vraiment vouloir que quelqu'un d'autre existe afin de pouvoir l'admirer dans tous les sens.
Est-ce que c'est de l'amour si «on veux qu'une personne existe pour qu'on puisse l'admirer dans tous les sens» sans que cette dernière ne ressente la même chose envers nous?
Est-ce que ta définition de l'amour ne se rapprocherait pas de l'idolâtrie?
Non, je ne crois pas. Aimer quelqu'un vraiment, c'est avant tout aimer sans espoir de retour il me semble; être aimé me parait quelque chose de bien différent et la coïncidence des deux un miracle.
Ç'est quoi la différence entre l'amour, tel que tu le définis, et l'adulation?
On peut être amoureux et fier en même temps. Aimer, ce n'est pas se transformer en esclave de celui qu'on aime. Admirer quelqu'un et être ravi de sa présence, ce n'est pas devenir une lopette droguée qui se traîne à plat ventre. Paradoxalement, celui qui se traîne à plat ventre aime rarement autre chose que lui-même: il se sait simplement trop faible et parasite ceux qu'il pense pouvoir le servir en singeant l'admiration.
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