samedi 26 juin 2010

Ô Capitaine! Mon Capitaine! Notre voyage effrayant est fini
Le bateau a franchi tous les caps, le prix est gagné
Le port est proche, j’entends les cloches, le peuple exulte
Les yeux suivent la quille tranquille, le vaisseau sombre et vrai

Mais Ô cœur! Cœur! Cœur!
Ô les coulures sanglantes du rouge,
Quand sur le pont gît mon Capitaine
Tombé mort et froid.

Ô Capitaine, mon Capitaine! Levez-vous, entendez les cloches
Levez-vous, pour vous le drapeau flotte, pour vous le clairon trille
Pour vous les bouquets, les couronnes, les rubans, les rives vives et pleines
C’est vous qu’ils appellent, la masse attentive, leur face inquiète se lève
Ici Capitaine! Cher Père!
Ce bras sous votre tête,
C’est comme un rêve quand sur le pont
Vous êtes tombé mort et froid.

Mon capitaine ne répond pas, ses lèvres sont pâles et muettes,
Mon père ne sent point mon bras, il n’a ni pouls ni tête
Le bateau est ancré sain et sauf
Son voyage est accompli
Du terrible enjeu le vaisseau victorieux revient fort de son gain

Exultez, Ô rives, sonnez, Ô cloches!
Mais d’un pas de deuil
Je marcherai sur le pont où mon Capitaine
Est tombé mort et froid.



O Captain! My Captain!

O Captain! My Captain! our fearful trip is done;
The ship has weather'd every rack, the prize we sought is won;
The port is near, the bells I hear, the people all exulting,
While follow eyes the steady keel, the vessel grim and daring

But O heart! heart! heart!
O the bleeding drops of red,
Where on the deck my Captain lies,
Fallen cold and dead.


O Captain! My Captain! rise up and hear the bells;
Rise up-for you the flag is flung-for you the bugle trills;
For you bouquets and ribbon'd wreaths-for you the shores a-crowding;
For you they call, the swaying mass, their eager faces turning

Here Captain! dear father!
This arm beneath your head;
It is some dream that on the deck,
You've fallen cold and dead.


My Captain does not answer, his lips are pale and still;
My father does not feel my arm, he has no pulse nor will;
The ship is anchor'd safe and sound, its voyage closed and done;
From fearful trip the victor ship comes in with object won

Exult, O shores, and ring, O bells!
But I with mournful tread,
Walk the deck my Captain lies,
Fallen cold and dead.

Walt Whitman (Pour Abraham Lincoln)

3 commentaires:

La direction a dit…

Le «Capitaine, mon Capitaine» me rappellera toujours la fois où j'avais failli pleurer au cinéma, dans la scène finale d'une certaine société de poètes aujourd'hui disparue.

Franz Schürch a dit…

Je suis bien d'accord: J'ai précisément montré ce film à mes enfants, puis ai été voir le poème en traduction française, ce qui m'a donné un peu le goût de la correction. Je ne veux pas faire le fanfaron, cependant, c'était sûrement parfait dans l'original, mais un peu en dehors de l'idée que je me fais de la vie.

simonp a dit…

Intéressant exercice.

Mais le professeur qu'interprète Williams ne prônait-il pas parfois la fanfaronnade?

P.S.: Je crois que j'avais probablement versé une larme, en fait. Depuis, je ne peux entendre de la cornemuse et voir quelqu'un monter sur un bureau sans m'écrouler en sanglots.